Etats-Unis: la flambée des salaires des patrons provoque des remous

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L'ex-PDG de Home Depot, Bob Nardelli, le 25 janvier 2007
© AFP/Getty/Arch.  

Les salaires extravagants de certains patrons américains provoquent des remous de plus en plus importants aux Etats-Unis, depuis les syndicats jusqu'à la Maison Blanche elle-même.

Le président américain George W. Bush s'est joint le mois dernier au choeur des critiques émanant des syndicats, des démocrates et des actionnaires qui dénoncent les feuilles de paie faramineuses de certains chefs d'entreprises.

Le sujet est revenu sur le tapis après l'attribution d'une prime de 210 millions de dollars au PDG de Home Depot, Bob Nardelli, lorsqu'il a quitté la société en plein marasme.

Ce "parachute doré" était révélé après la prime de 200 millions de dollars accordée au patron de Pfizer, Henry McKinnell, en dépit d'une chute de 49% de la valeur de l'action en Bourse. Le chef d'ExxonMobil avait pour sa part reçu 357 millions de dollars lors de son départ.

Le président de la Commission des services financiers de la Chambre des Représentants, Barney Frank, a estimé le mois dernier que le phénomène "semble être hors de contrôle", et il a assuré qu'il travaillerait au passage d'une nouvelle loi visant à modérer la paie des patrons.

De façon plus inattendue, le président Bush, lors d'une visite à Wall Street, a appelé les conseils d'administration à davantage lier le paiement des bonus et des primes à la performance.


L'ex-patron de Pfizer, Henry McKinnell, le 2 février 2005 à Bangkok
© AFP  Michael Mathes

"Vous devez montrer au monde que les entreprises américaines sont un modèle de transparence et de bonne gouvernance", a-t-il affirmé.

Une étude publiée en septembre par la Corporate Library a montré que la paie médiane des patrons des entreprises cotées en Bourse avait progressé de 16% en 2005 à 2,9 millions de dollars.

Mais, selon le magazine Forbes, les chefs d'entreprise les mieux lotis gagnent 10,9 millions de dollars par an en moyenne, avec un record de 250 millions pour le mieux payé.

Pour Paul Hodgson de la Corporate Library, un salaire élevé pour le PDG ne signifie pas automatiquement l'assurance d'une bonne gestion pour les actionnaires.

L'expert prend l'exemple de Toyota, "en passe de devenir le premier constructeur automobile aux USA", et où "l'ensemble du conseil d'administration et de l'équipe de direction ne gagne pas autant qu'un seul responsable de General Motors".

D'autres estiment que les PDG adoptent l'attitude des stars du sport ou du divertissement, qui tiennent pour acquis qu'ils feront mieux que les autres.

Robert Frank, économiste et co-auteur en 1995 d'un ouvrage, "La Société des gagnants", estime que les entreprises américaines se sont détournées des pratiques de promotion interne pour se lancer dans une guerre pour les meilleurs talents.

"Les gens talentueux font une grande différence pour l'entreprise si c'est au poste le plus important. Il ne s'agit pas d'être juste, mais de trouver ce qu'il vous faut et de payer le nécessaire", affirme-t-il.

Les entreprises américaines paient sans conteste plus leurs patrons que les autres. Selon une étude du cabinet de consultants Towers Perrin, les PDG des grandes entreprises touchent 38 fois plus que les ouvriers dans l'industrie, contre 23 fois en France et 11 fois au Japon.

Le débat n'est pas neuf. Mais "l'entrée en lice du président Bush porte la discussion à un autre niveau", estime John Challenger, du cabinet de placement Challenger, Gray and Christmas.

Les parlementaires devraient prochainement débattre de propositions visant à accroître la transparence. Mais, selon M. Frank, il vaut mieux se pencher sur la fiscalité pour réduire les inégalités créées par cette situation.

"Le remède le plus simple serait de davantage taxer" les PDG aux paies faramineuses, et "utiliser l'argent pour l'assurance santé par exemple".

http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?news=3951672

Publié dans Scandales économiques

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