A Montpellier, quatre lycéens et un étudiant ont été mis une journée en garde à vue et risquent 4500€ d’amende pour avoir distribué des tracts

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C'est demain ! A Montpellier Rassemblement de solidarité avec les lycéens poursuivis pour avoir distribué des tracts sur la chaussée !

A Montpellier, quatre lycéens et un étudiant ont été mis une journée en garde à vue et risquent 4500€ d’amende.

Leur crime ? « l’entrave à la circulation » lors d’un rassemblement pacifique avec distribution de tracts dans le cadre du mouvement sur les retraites. Nous ne pouvons tolérer de telles pratiques réactionnaires qui vont à l’encontre de la liberté d’expression et des droits démocratiques de cha02cun-e. Manifestons notre solidarité et exigeons l’abandon de toute poursuite contre ces cinq jeunes !

Mercredi 15 à 10h devant le tribunal (nouveau) de Montpellier, Place Pierre Flotte

13 décembre : Mediapart relaye le témoignage de Sophie

12 décembre : le témoignage de Sophie, convoquée avec d'autres, mercredi devant le tribunal : « Le mardi 9 novembre. On est partis de Clémenceau pour aller à la Comédie, où les lycées devaient se rejoindre.

Arrivés là-bas, on était une cinquantaine. On nous donne les tracts à distribuer, et nous commençons tout de suite. Là, un fourgon de la police municipale arrive et nous dit d'arrêter de tracter sur la place de la Comédie.On décide de bouger, car on ne veut pas d'ennuis avec la police. On va donc au Rives du Lez, sur l'avenue Mendez France au feu rouge." (La suite ci-dessous)



(A la une de L'Hérault du Jour, 25 novembre)

13 décembre : Mediapart relaye le témoignage de Sophie

Suite du témoignage de Sophie :

Là, on a ralentit un peu la circulation, mais on tractait. On ne pouvait pas faire autrement. On ne s'est pas mis au milieu en bloquant tout. Quand les voitures avaient les tracts, on les laissait passer. Tout d'un coup, on entend des sirènes, donc on se met tous sur le trottoir. Les policiers nationaux arrivent en uniforme avec deux camions et une voiture (peut-être même plus, je m'en rappelle pas trop). Là, certains lycéens entendent les policiers dire "on prend les gros bras". Donc, tout le monde crie "Ils prennent les gros bras. Les gars, courrez".

Ils prennent deux "gros bras" et en mettent un dans un camion, l'autre dans une voiture. Un garçon se précipite et demande "c'est quoi ton nom ?" il se fait embarquer lui aussi dans le camion, une autre qui le suivait crie "T'a le numéro de l'avocat ?". Hop, dans le camion lui aussi. Un lycéen de Jean Monnet arrive après eux et dit au policier qui ont embarqué nos quatre camarades "s'il vous plaît relâchez les, ils ont rien fait" d'une voie calme. le policier sort sa matraque et le tape violemment à la hanche, et lui met un chassé dans les jambes, ce qui l'a fait tomber (il a d'ailleurs un bleu énorme à la hanche). J'étais à 5 centimètres, et je suis restée là, choquée, en le regardant se relever. Tout le monde a applaudit ironiquement la police, et moi j'ai rien fait, bugant en revoyant la scène, mais comme j'étais la plus proche, c'est moi qu'ils ont pris. Tout ce paragraphe c'est déroulé en 30 secondes.

J'étais dans la voiture avec Clément de Jean Monnet (moi je suis de Clémenceau).

Dans le camion il y avait Nat de Paul Valéry, Roman de Joffre, et Lauriel de Sète (lycée Charles de Gaule). Nous étions tous mineurs. Dans le camion, les flics les ont traités de "petit pédé" (c'est ce qu'ils m'ont dit... moi j'étais en voiture pas dans le camion). Apparemment, y'a un flic qui a demandé à un des gars qui se sont fait arrêter avec moi (je sais plus lequel) si il voulait bien signer une décharge comme quoi le flic n'été pas responsable de ce qui s'était passé pendant l'interpellation. Ca va, il est pas débile, il a pas signé.

Arrivés à l'hôtel de ville, on a été fouillés et on nous a interrogé individuellement. Nat (l'étudiant de Paul-Va), pendant qu'on attendait pour l'interrogatoire était stressé, sous pression (comme nous tous) et il a sorti à un flic (tout en étant d'un calme étonnant) qui parlait super mal "t'as vu comment tu parles ?". Le flic a réagi au quart de tour, il a dit : "Ouais, t'as de la chance que j'ai l'uniforme, sinon si je te croise dans la rue, je te nique ta gueule. Je te jure je vais te rechercher, et je vais te défoncer ta petite gueule, parce que quand t'a des reubeux en face de toi, tu fermes direct ta gueule..."

Bref, il a fait un speech de 5 minutes en répétant à chaque fin de phrase "je te nique ta gueule". Je me souviens juste du début, parce que après c'était tellement répétitif que ça m'a saoulé, j'ai même plus écouté sinon j'allais péter un plomb, et c'est exactement ce qu'ils voulaient. Puis, on est descendus au sous-sol où on nous a pris nos empreintes digitales sans possibilité de refus et où nous avons été pris en photos avec une ardoise à la main qui déclinait notre identité et un numéro et des lettres (comme dans les film).

On a ensuite été mis en cellule, où il faisait très froid, sombre et où il y avait de la pisse par terre. Nous avions très faim (on avait déjeuné vers 6H du matin, et nous n'avions pas mangé depuis). Nous n'avions pas d'objets sur nous. Ils nous avez pris nos portables et tout nos effets personnels.

Quand les manifestants qui avaient distribué les tracts avec nous sont allés faire un sitting à 13 heures devant l'hôtel de police, la police leur avait déclaré que nous serions relâchés à 14H et sans aucune poursuites. Mais on est rentrés à midi au commissariat central, et ce n'est qu'à cinq heures qu'ils ont appelé les parents (soit-disant qu'ils avaient oublié de les prévenir). Or, comme nous n'étions pas majeurs, nous ne pouvions sortir sans les parents. Ce qui fait que le premier est finalement sorti à 18H et le dernier à 19H. Nous sommes donc restés entre 6 et 7H à l'hôtel de police.

Nous sommes pourtant convoqués au tribunal le mercredi 15 décembre à 10H30 pour le motif d'entrave à la circulation. Ils ont mis sur la convocation que nous avons bloqué la voie à l'aide d'objets et que nous nous sommes mis au milieu sans bouger, ce qui est totalement faux.

Certains policiers m'ont dit que je risquais 4500 euros d'amende et 2 ans de prison pour mineur, mais ils ont dit des choses différentes à chacun pour nous perdre.

Sophie »

Le tract distribué par ces lycéens :

Les lycéens toujours mobilisés contre la réforme des retraites !

D'après le gouvernement :

L'espérance de vie augmente, donc il faut travailler plus longtemps.

L'âge légal de départ à la retraite dans les autres pays européens est plus élevé, avec par exemple l'Allemagne qui est à 68 ans.

Le déficit budgétaire concernant la retraite est estimé à 40 milliards d'euros.

Or

L'espérance de vie en bonne santé est de 62,4 ans pour un homme et 64,2 ans pour une femme.

La durée de cotisation en France est de 42 ans alors qu'en Allemagne elle est de 35 ans.

Le PIB français est estimé à 2000 Milliards d'euros, la part des richesses accordées aux salariés à diminué de 200 Milliards d'euros par ans depuis 1982.

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Quatre lycéens et un étudiant de Montpellier avaient été interpellés, le 9 novembre 2010, et placés en garde à vue de 9 h du matin à 19 h, avec prise d’empreintes et photos sur ardoise. Ils distribuaient des tracts dans le cadre sur mouvement sur les retraites ralentissant un peu la circulation. Ils sont accusé d'entrave à la circulation. Ils sont appelés à comparaître devant le Tribunal de Grande instance de Montpellier 15 décembre 2010 à 10h

Contre Sarkozy et sa réforme des retraites, les jeunes se sont massivement mobilisés. De nombreux lycées se sont mis en grève et ont fortement participé aux manifestations avec les salariés et leurs syndicats. Sarkozy et son gouvernement ne peuvent supporter l’action consciente de la jeunesse. Ce gouvernement n’a pour les jeunes que des lois les criminalisant, loi sur « prévention de la délinquance » ou encore la volonté de les rendre pénalement responsable à partir de 13 ans. Il est clair pour eux qu’un un lycéen mobilisé est déjà un pré-délinquant ou un naïf manipulé comme ils n’ont cessé de nous le répéter.
Les choses sont pourtant bien plus simples : nous refusons leur monde où notre avenir n’est fait que de précarité.

La répression des mouvements sociaux et des grévistes est depuis longtemps un moyen utilisé par les gouvernements pour « mâter la rébellion »; mais aujourd’hui, avec le gouvernement Sarkozy, les méthodes les plus violentes et agressives sont déployées.
Pendant le mouvement contre la réforme des retraites, alors que nous étions nombreux et nombreuses en lutte aux côtés des salarié-e-s, le gouvernement n’a pas hésité à envoyer les « forces de l’ordre » pour casser les mouvements lycéens et à arrêter et condamner de jeunes manifestants à des peines de prison fermes.
Nous avons tous été sensibles à l’histoire de ce lycéen de Montreuil qui a perdu un œil alors qu’il luttait avec son lycée pour défendre ses idées ; mais cette histoire est loin d’être anecdotique, elle s’inscrit dans une longue suite de pratiques autoritaires et liberticides qui montrent la réelle nature du pouvoir en place.



 (1)

(L'Hérault du Jour, 25 novembre)

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