Plus de voitures incendiées au Royaume-Uni qu'en France

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J.-M. L.
15/01/2008 | Mise à jour : 22:22 |
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Selon des documents officiels britanniques, 73 000 véhicules partent en fumée au Royaume-Uni contre 50 000 de ce côté-ci du Channel. Mais Paris pourrait connaître une aggravation du phénomène.

La France et ses quelque 45 000 à 50 000 voitures brûlées chaque année était, disait-on, un «cas unique en Europe». Le Figaro s'est pourtant procuré un rapport officiel du bureau du vice-premier ministre à Londres (document en anglais), chargé de coordonner l'action du gouvernement, qui témoigne que les feux de voiture sont une préoccupation commune au moins pour les bobbies et leurs collègues des banlieues françaises.

Le document est titré : «Feu de véhicules. Expliquer les raisons des incendies volontaires».

Selon ses auteurs, Steve Merrall et Sylvia Chenery, tous deux criminologues, les feux de voitures sont passés en Angleterre et dans le Pays de Galles (sans compter l'Écosse) de 43 900 faits en 1998 à 73 200 en 2002. Une autre étude à laquelle notre rédaction a pu accéder révèle, quant à elle, que ce phénomène représente 63 % du total des incendies de l'autre côté du Channel, soit une moyenne annuelle de «71 500 véhicules partis en flamme chaque année».

Le rapport Merrall-Chenery apporte les explications. Il établit que «le lien entre le vol de voiture et l'incendie volontaire est beaucoup plus étroit qu'on ne l'imaginait», puisque «la moitié de tous les incendies de véhicules se sont produits sur des engins préalablement volés». Ce qui correspond donc en Grande-Bretagne à plus de 37 000 voitures brûlées ! Conclusion : «La première motivation pour l'incendie des véhicules volés est la destruction des preuves scientifiques, à commencer par l'ADN», estiment les deux criminologues.

 

Des stratégies payantes

Une thèse d'autant plus intéressante que le Grande-Bretagne, championne de la police technique et scientifique, est un modèle pour la France. «Faut-il craindre que le développement de ces techniques modernes en France ait, comme effet pervers, les hausses des incendies pour destruction de traces ?», interroge un policier à Paris.

Les Britanniques donnent, malgré tout, quelque raison d'espérer dans la lutte contre ce phénomène. «Les progrès des techniques pour révéler l'ADN permettent de plus en plus de contourner l'obstacle du feu», lit-on dans un document d'experts. En outre, diverses stratégies commenceraient à payer. Le rapport du bureau du vice-premier ministre à Londres insiste sur l'importance d'enlever tout véhicule abandonné dans la nature ou sur la voie publique dans les 24 heures. Car son saccage et sa mise et feu par des vandales sont quasiment systématiques. Autre piste à privilégier : favoriser la coopération entre la police, les services d'incendie et de secours et les élus, pour mieux «tenir» le terrain et réagir plus vite.

En France, selon les rares études disponibles, un tiers des véhicules seraient incendiés pour frauder l'assurance et 10 à 15 % pour détruire des preuves. Le reste relèverait des violences urbaines ou de la vengeance privée.



http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/01/16/01001-20080116ARTFIG00008-plus-de-voitures-incendiees-au-royaume-uni-qu-en-france.php
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